[dropcap]L[/dropcap]a Guinée peine à tourner la page de la crise post-électorale. Depuis des mois, des responsables et militants de l’opposition continuent à croupir en prison. Face à la situation, le député de la Haute-Garonne, Sébastien Nadot, dénonce ce qu’il considère comme laxisme de la France et de l’Union européenne.
‘’Il faut que l’Union européenne soit volontariste. A partir de là, les choses se déclenchent (…). Malheureusement, il n’y a pas de volontarisme de la part de cette institution’’, fustige Sébastien Nadot.
De nos jours, fait-il remarquer, ‘’on s’interroge, à travers le problème démocratique de la Guinée, sur la question démocratique française. Puisqu’on n’est quand même pas mal de députés français à dire à la France : ‘il faut faire quelque chose, ce n’est pas normal’. Si le pouvoir exécutif ne fait rien, ce n’est pas satisfaisant’’.
Le parlementaire de poursuivre : ‘’On s’interroge aussi sur la question démocratique de l’Union européenne à travers la Guinée. Il y a une question de volonté politique qui, pour l’instant, fait défaut’’.
Le député Nadot estime qu’il faut continuer ‘’d’interpeller de façon pérennante le parlement européen. Il faut mener un combat politique pour qu’à la fin, l’Union européenne finisse par dire : ‘On ne peut pas rester les bras croisés parce qu’il y a une conséquence’’’.
‘’Si la France est en train de laisser tomber cette espèce de tutelle, c’est tant mieux. Mais le processus normal de la démocratie, c’est de laisser la clé de la Guinée aux guinéens et non laisser le pays à la Russie. Car, à travers cette situation, c’est toujours les guinéens qui sont perdants dans l’histoire. Parce qu’il ne faut pas croire que la solution, c’est en laissant le pays sous la coupe de la Russie’’, indique-t-il.
D’ailleurs, souligne le parlementaire, ‘’on voit déjà des projets numériques gérés par la Russie. On voit comment la Russie s’est emparée de d’autres pays. Mon inquiétude, ce qu’il y ait dans les années qui viennent un changement de tutelle qui n’est pas bon. Le seul changement de tutelle qui vaille, c’est de remettre aux guinéens leur propre avenir, leur propre sort’’.
‘’Il faut absolument travailler sur cette question de principes et de processus démocratiques. Malheureusement, la France ne joue pas son rôle actuellement. On va voir ce que le Conseil européen va donner comme réponse aux parlementaires européens qui l’ont saisi récemment’’, souligne l’homme politique français.
Il rassure qu’il va continuer à œuvrer pour que ‘’la France ait une action diplomatique et d’engagement vers le processus démocratique (…). La France est sur cette articulation d’intérêts économiques. Il faut changer cette mécanique. C’est autrement qu’on aura de bonnes relations avec la Guinée, ce n’est pas en restant sur cette corrélation’’.
‘’J’ai quitté le groupe de la majorité à l’Assemblée nationale française, parce que je constate qu’on ne fournit pas assez d’offerts (…). Il ne faut pas se leurrer, on a des pouvoirs exécutifs qui sont extrêmement frileux pour faire ce qu’il y a à faire vis-à-vis de la Guinée’’, déplore-t-il.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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