Un ex-ambassadeur de France critique les ‘’autocrates vieillissants’’ africains qui ‘’bricolent la Constitution et s’accrochent au pouvoir’’


[dropcap]A[/dropcap]ncien ambassadeur de France en RDC, l’essayiste Pierre Jacquemot a accordé mercredi un entretien à RFI. Sur les antennes de la « Radio mondiale », il a été amené à parler de son dernier ouvrage « De l’élection à la démocratie en Afrique » dans lequel il se penche sur le ‘’phénomène des troisièmes mandats et des oligarchies qui s’accrochent au pouvoir’’.

Si dans certains pays africains, les élections se sont bien déroulées, courant 2020, l’ancien diplomate français déclare qu’il existe des ‘’situations qui ne sont pas du tout satisfaisantes du point de vue de la démocratie. Si on entend par démocratie la possibilité d’alternance et la possibilité de changement’’.

‘’Là, c’est la Guinée, vous l’avez citée, mais également la Côte d’Ivoire. L’enrôlement a été difficile, la participation a été faible, l’opposition a boycotté, il y a eu des violences, les résultats ont été contestés et puis les candidats se sont présentés pour un troisième mandat’’, souligne-t-il, précisant que ‘’c’est un peu inquiétant, parce que se profilent d’autres élections un peu du même type. L’Ouganda, le Congo, le Tchad et Djibouti vont connaître des élections dans les prochains mois, qui peuvent laisser craindre qu’on soit un peu sur le même modèle’’.

Dans son ouvrage « De l’élection à la démocratie en Afrique », l’auteur souligne l’existence de très peu d’alternance sur le continent africain où des ‘’autocrates s’accrochent au pouvoir’’.

‘’Il y a très peu d’alternance. Les cas d’alternances connus sont toujours dans les mêmes pays, à savoir Maurice, le Cap-Vert, le Ghana, le Sénégal, c’est une catégorie de pays que je qualifie de démocratie mature’’, acquiesce-t-il.

En revanche, poursuit Pierre Jacquemot, ‘’on observe que, dans un certain nombre de pays, des autocrates vieillissants, parfois ayant plus de 75 ans, voire 80 ans – c’est le cas de la Guinée -, s’accrochent au pouvoir et bricolent la Constitution au point de se présenter – c’est le cas pour Yoweri Museveni en Ouganda, qui a plus de 75 ans – pour un sixième mandat, mais on a une situation un peu identique au Tchad ou à Djibouti’’.

Il estime que ‘’c’est essentiellement le fait d’un jeu électoral et d’un jeu politique qui brident l’opposition et qui se concentrent sur une oligarchie politique et une oligarchie d’affaires qui n’ont pas du tout l’intention de passer la main’’.

Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

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