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Hawilti et l’International Gas Union (IGU) ont publié la deuxième édition du Gas for Africa Report, une analyse approfondie du paysage gazier africain, dans un contexte de hausse de la demande énergétique mondiale et de pression croissante sur les pays africains pour garantir un accès à une énergie fiable, abordable et à plus faibles émissions.
Selon le rapport, l’Afrique dispose de plus de 17 000 milliards de mètres cubes de réserves prouvées de gaz naturel, mais n’en valorise qu’une faible partie. En 2024, le continent n’a produit qu’environ 246 bcm de gaz commercialisé, contre plus de 1 300 bcm en Amérique du Nord et plus de 875 bcm dans la région de la CEI. La consommation africaine reste encore plus limitée, à 178 bcm, confirmant la marginalisation du continent dans l’utilisation mondiale du gaz malgré l’importance de ses ressources.
Ce déséquilibre révèle un défi structurel majeur : l’Afrique combine la plus faible consommation énergétique par habitant au monde avec l’un des taux de croissance démographique, industrielle et d’urbanisation les plus élevés. Le déficit énergétique ne se limite pas à l’électrification domestique ou à l’accès à des solutions de cuisson propres. Les industries, les mines, les transports et les infrastructures numériques souffrent également de systèmes énergétiques insuffisants et peu fiables. La consommation d’électricité par habitant a même reculé au cours des 20 dernières années, signe d’un blocage durable de l’énergie productive.
Le rapport souligne que cette situation est aggravée par une dépendance excessive au gaz destiné à la production électrique, qui représente près de la moitié de la demande gazière du continent. Contrairement à d’autres régions du monde où le gaz alimente divers secteurs – industrie, résidentiel, commerce – cette concentration limite la rentabilité des infrastructures et freine la monétisation des ressources. Des pays comme l’Égypte, l’Algérie et le Nigeria démontrent pourtant le potentiel du gaz pour soutenir des industries telles que les engrais, la pétrochimie, le ciment et la sidérurgie, offrant des modèles reproductibles notamment en Angola, au Congo ou au Sénégal.
Sur le plan environnemental, le gaz naturel offre une voie pragmatique de réduction des émissions, en remplaçant le charbon et le diesel, en stabilisant les réseaux électriques intégrant les énergies renouvelables et en réduisant l’utilisation de la biomasse pour la cuisson domestique. Il permet également de développer des infrastructures compatibles avec des carburants bas carbone futurs, tels que l’hydrogène, le biométhane et les gaz synthétiques.
Pour Amel Grabsi, Directrice Régionale de Hawilti et Gas for Africa, le véritable défi réside dans l’exploitation :
> « L’histoire gazière de l’Afrique n’est pas un problème de ressources mais un problème d’utilisation. Malgré plus de 17 000 bcm de réserves prouvées, le continent ne consomme que 178 bcm par an, dont près de la moitié pour un secteur électrique en détresse financière. L’enjeu aujourd’hui est de repenser les systèmes énergétiques autour de l’usage productif dans l’industrie, le transport, les mines et le numérique afin de libérer le gaz comme moteur d’emplois, de compétitivité et de résilience économique durable. »
Le Gas for Africa 2025 Report présente huit principes clés pour maximiser les bénéfices du gaz en Afrique, notamment : la conception de projets « future-proof », l’innovation financière, l’amélioration du climat des affaires, l’intégration régionale, l’investissement par clusters, une montée en puissance progressive, la réforme des marchés électriques et la tarification des émissions.
Le rapport conclut que l’Afrique se trouve à un moment décisif. Sans politiques coordonnées, investissements dans les infrastructures et réformes stimulant la demande industrielle, une grande partie des ressources gazières du continent pourrait rester inexploitées. Avec les bons cadres, le gaz naturel peut devenir un pilier d’accès à l’énergie, d’industrialisation et de développement économique durable.

