‘’C’est tout le peuple de Guinée qui était mobilisé pour voter Non au referendum du 28 septembre 1958. Il n’y avait ni peuls, ni soussous, ni forestiers, ni malinkés. L’écrasante majorité de la population guinéenne a voté Non’’. Ces propos sont du président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG).
Pour Bah Oury, ‘’tous les partis qui existaient avant l’indépendance ont été parmi les précurseurs pour demander de voter Non. C’était donc une occasion de rendre hommage aux pères fondateurs de l’indépendance. Par la suite, l’histoire a cherché à faire oublier, à jeter dans l’oubli certains d’entre eux’’.
‘’Pourquoi la Guinée a voté non ? Et pourquoi les autres Etats africains dans la totalité ont voté oui ?’’, se demande l’ancien ministre de la réconciliation nationale avant de répondre : ‘’C’est parce qu’en Guinée, les populations en avaient assez de l’exploitation et de la domination coloniale qui était exécutée par les auxiliaires de la colonisation. La domination était telle que les paysans avaient rejeté le système colonial. C’est cette grande majorité de la population qui, dans sa volonté et dans sa soif de liberté et de dignité, a amené les partis politiques à aller pour le Non alors que d’autres notamment au Niger, les partis politiques voulaient aller vers le Non mais ils se sont rendu compte qu’il n’y avait pas cela envers les populations de volonté nécessaire pour ça’’.
Donc, souligne le président de l’UDRG, ‘’les populations ont voulu la liberté et la dignité. C’est quelque chose qu’il faut savoir, ce n’est la volonté d’un seul homme. La classe politique guinéenne était obligée de voter Non au referendum de 1958. Et la Guinée était prête à aller vers l’indépendance’’.
‘’Qui a gagné avec l’accession à l’indépendance ?’’, s’interroge M. Bah. ‘’C’est cette bureaucratie bourgeoisie qui a pris la place des colons. Est-ce qu’elle a changé le système de gestion de l’économie du pays ? Le système de domination n’a pas changé. Les paysans sont restés toujours dans une catégorie de soumission, de domination, d’exploitation et même les méthodes de la colonisation ont été reconduites sous forme de normes et d’impôts en nature. Et cela a poussé beaucoup de nos compatriotes à quitter la Guinée’’.
Donc, déplore-t-il, ‘’la population paysanne qui a voulu être libérée n’a pas obtenu la liberté avec l’indépendance qui a été confisquée par une catégorie de bureaucrates. Ces derniers parlaient d’indépendance, de démocratie, mais en réalité c’est une autre forme de système colonial avec des guinéens qui étaient mis en œuvre. Et c’est ce système qui a continué jusqu’à présent. Ceux qui étaient au pouvoir considéraient que les propriétés de l’Etat, c’est pour eux. Les relations avec les populations, c’était la domination’’.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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