Alors que des voix s’élèvent de plus en plus pour encourager la junte militaire à réduire le nombre de partis sur l’échiquier politique, l’ancien ministre Gassama Diaby sort de son silence pour dire le fond de sa pensée. Il rappelle aux uns et autres qu’aucune démocratie n’est pas possible sans les formations politiques. VisionGuinee vous propose des extraits de son passage dans l’émission Mirador.
« Nous sommes un pays misérable, pas dans la misère sociale et économique communément appelé la pauvreté. Mais nous sommes un pays intellectuellement et moralement misérable. Nous refusons d’accepter la vérité et nous sommes installés dans une logique de perpétuel recommencement des mêmes bêtises.
A un moment donné, au-delà de l’amour que nous portons et que nous pouvons porter pour chaque guinéen et pour ce pays, on n’a pas envie de parler. Nous sommes un peuple enfantin, un pays qui se ridiculise. Parce que nous répétons les mêmes erreurs et les mêmes bêtises.
Ce qui m’a poussé d’écrire cette tribune, au-delà des coups d’Etat qui sont intervenus dans la sous-région et la problématique que cela pouvait imposer à nous, ce qui me marquait dans les différents commentaires qui se passaient surtout au niveau de l’élite et de l’intelligentsia de notre pays, c’est cette tentation qu’il y avait à théoriser une nouvelle façon de faire la démocratie avec une espèce de paresse et de malhonnête intellectuel. Et nous sommes installés dans une logique où il fallait théoriser la haine des partis politiques, de la liberté et celle de la démocratie.
Cela me préoccupait parce que si les guinéens l’ont accueilli comme ils l’ont fait le 5 septembre, ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ont la haine des partis politiques et de la démocratie. Ils l’ont fait parce qu’ils ont pris le coup du 5 septembre comme une promesse certaine de liberté et de démocratie.
Et cette tentation intellectuelle, on la voit avec cette démarche qui nous théorise avec cette démarche impossible intellectuellement à faire de la démocratie sans les partis politiques et sans l’amour de la liberté. Et c’est une tentation totalitaire et c’est quelque chose qui nous guette. Il n’y a pas de démocratie sans les partis politiques, sans la liberté. On ne peut pas haïr la liberté et vouloir instaurer la démocratie.
C’est ce qui m’a amené à faire cette tribune. Et c’est pour alerter, pour faire en sorte que nos intellectuels occupent leurs places. Parce que nous avons besoin d’une réelle démocratie. Et je trouve que c’est insultant pour les peuples africains de penser que nous ne pouvons pas construire une réelle démocratie et qu’il faut aller dans une espèce de démocratie de cocotier. Si on veut la démocratie, on y met le prix. Sinon ce n’est pas la peine ».
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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