Monenembo : ‘’la Guinée est mentalement dictatoriale, l’Etat ne peut que mentir et tuer…’’ 


Le célèbre écrivain guinéen estime que c’est l’espoir qui faut vivre les guinéens. Tierno Monénembo rappelle que malgré les répressions sanglantes, le peuple a résisté pendant des années.  

‘’En Guinée, l’espoir est une denrée bien plus rare que l’or ou le diamant. Il faut survivre, et la survie n’est pas basée sur l’espoir mais sur l’énergie de vivre coûte que coûte. L’espoir, c’est pour après. Nos enfants ou nos petits-enfants auront de l’espoir, mais pour nous, ce n’est pas possible. Il nous a été arraché dès le début et il est très difficile de sortir d’une dictature, surtout quand elle est de type stalinien’’, indique le célèbre écrivain guinéen.

Et de poursuivre : ‘’La Guinée a un peu copié l’Union soviétique et il faut du temps pour se débarrasser de ce modèle. La dictature, c’est une manière de penser, ce sont des êtres fabriqués pour. Elle crée ses propres commis, ses propres fonctionnaires, ses administrateurs. La Guinée est mentalement dictatoriale, l’État ne peut pas faire autrement que commander, exécuter, mentir, tuer’’.

Heureusement, selon  Tierno Monénembo, le peuple guinéen est résistant. ‘’Le peuple est là, il se bat comme il peut, il n’a jamais rien gagné, mais il se bat. Je ne connais pas de peuple qui se soit autant battu en Afrique. Il y a des morts tous les jours dans le pays, au moins une dizaine par jour, et ça n’empêche pas les guinéens de sortir encore, de nouveau et de se battre. Ils gagneront. Il faut du temps, mais le peuple gagne toujours, à la fin’’, enseigne-t-il.

Monenembo confie à Jeune Afrique qu’il ‘’faudra s’alphabétiser et se politiser. L’assise de la dictature, c’est l’ignorance. Nos peuples sont peu alphabétisés, écrasés par plusieurs chapes : la tradition, l’islam. Il est très difficile de penser librement chez nous. La pensée, c’est celle du chef, du prêtre ou du marabout. Elle est toute faite : on la porte comme une camisole de force’’.

‘’Les partis sont là et je suis de leurs côtés car ils représentent l’opposition, même s’ils ne correspondent pas exactement à ce que je souhaiterais. Ils ne sont pas suffisamment organisés, pas suffisamment solidaires’’, déplore l’auteur des Crapauds-brousse. 

Mais, laisse-t-il entendre, ‘’il faut bien qu’il y ait des formations politiques puisqu’elles représentent la courroie de transmission naturelle de l’expression populaire. On doit composer avec elles et travailler avec elles. J’espère que les partis de Cellou Dalein Diallo, de Sidya Touré et de Lansana Kouyaté vont s’améliorer et se battre ensemble. Ce n’est pas gagné mais on ne peut pas compter sur l’armée’’.

Boussouriou Doumba, pour Visionguinee.info 

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