Contribution : Le Parti socialiste face à l’illusion du débat générationnel


 

Par Mamadou Mbodji Diouf

Le Parti socialiste sénégalais (PS), jadis pilier de la vie politique nationale, traverse une crise silencieuse. Depuis 2014, aucune tentative sérieuse de renouvellement de ses instances n’a été entreprise, plongeant la formation dans un immobilisme inquiétant. Les congrès annoncés se dérobent, les réunions statutaires ne se tiennent plus avec régularité, et la vitalité intellectuelle qui faisait autrefois la force du parti s’est estompée.

Pour Mamadou Mbodji Diouf, auteur d’une récente contribution, le fameux débat sur la « succession générationnelle » au sein du PS n’est rien d’autre qu’un faux-semblant. Derrière cette rhétorique, c’est surtout l’absence de volonté de refonder le parti qui apparaît au grand jour. Pendant que d’autres formations, comme le PASTEF ou l’APR, ont su miser – au moins partiellement – sur un rajeunissement des cadres, le PS demeure prisonnier de logiques anciennes et de calculs internes.

Un tel immobilisme, souligne l’analyste, isole le parti dans un paysage politique en pleine recomposition, dominé par des électorats jeunes, exigeants et volatils. La jeunesse sénégalaise, moteur démographique et électoral, ne se retrouve plus dans un parti qui s’accroche à son héritage sans se donner les moyens de se réinventer.

La conséquence est lourde : la reconquête du pouvoir, souvent évoquée dans les cercles militants, paraît aujourd’hui chimérique. « On ne peut pas construire l’avenir en s’accrochant au passé », rappelle l’auteur en citant Thomas Sankara, avant de conclure avec une mise en garde de Winston Churchill : « Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge. »

Ainsi, le Parti socialiste, après avoir marqué plus de quatre décennies de l’histoire politique du Sénégal, risque de sombrer dans l’oubli s’il ne s’ouvre pas résolument à une nouvelle ère de réorganisation, de rajeunissement et de leadership renouvelé.

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