L’attitude court-termiste, qui consiste à attendre des promesses sans lendemain, gangrène notre société. L’omniprésence d’une torpeur morale constitue le principal obstacle à surmonter pour progresser. Il est urgent de s’interroger sur les failles de notre système éducatif, censé former au discernement, à l’analyse et à la prospective, mais qui échoue à éclairer les choix des citoyens.
Depuis près d’une décennie, les pratiques de certains partis politiques attirent l’attention. Au Sénégal, des populistes méprisent la démocratie et sa liberté de pensée. Ailleurs, des nativistes anti-migrants, englués dans une torpeur morale, attribuent tous les maux aux étrangers. Leurs discours, souvent répétitifs et creux, reposent sur la diabolisation, des idées obsolètes et des actions préjudiciables à la République et à ses citoyens.
Une question fondamentale se pose : pourquoi s’acharner contre des institutions solides, dont la mission est de faire éclater la vérité, quel qu’en soit le prix ? La réponse est claire : les conclusions de ces institutions contredisent les préjugés des leaders de ces partis, de leur entourage et de leurs partisans, qui semblent se mouvoir dans une jouissance narcissique. Plutôt que de réviser leurs positions pour les aligner sur la réalité, ils préfèrent attaquer ceux qui la dévoilent. Ces assauts répétés, visant à façonner une réalité alternative, évoquent des dérives autoritaires, marquées par un refus obstiné de la vérité au profit d’une vision biaisée.
L’écho rencontré par de telles pratiques révèle un échec criant non seulement de notre système éducatif, mais aussi de notre culture et de notre identité collective. Penser conserver le pouvoir par de tels agissements revient à semer du mil en espérant récolter de l’or.
Pourtant, deux piliers fondamentaux garantissent la richesse d’une nation :
– Les institutions, forgées par des luttes historiques – sociétales, syndicales, politiques – qui assurent stabilité et justice.
– Le capital humain, porté par une éducation favorisant la recherche fondamentale, la créativité et l’innovation, leviers essentiels de la souveraineté nationale.
Faillir à cultiver ces piliers, c’est compromettre l’avenir d’une nation. Cet échec éducatif et culturel — est un catalyseur qui permet aux discours aériens de prospérer, nous impose de repenser nos priorités pour bâtir une société plus éclairée, résiliente et ancrée dans la vérité.
Mansour SOW
