Des partis à caractère ethnique en Guinée ? Aboulaye Bah de l’UFDG invite le MATD à apporter des éléments de preuves


En Guinée, les partis politiques, au lieu d’être des forces de proposition, des instruments de participation à la gestion de la vie de la nation, se sont transformés en des instruments de propagande et de repli identitaire ethnique. Tel est le constat fait le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, le général à la retraite Ibrahima Kalil Condé.

Interrogé sur la sortie du ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, l’ex-président de la délégation spéciale de Kindia et conseiller politique du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) estime que cette évaluation n’a pas sa raison d’être.

‘’Cette évaluation des partis politiques ayant des agréments délivrés par l’Etat guinéen n’est pas fondée sur une disposition légale. C’est une opération qualifiée d’évaluation qui n’est pas prouvée, pas fondée légalement. Moi, en tant que politologue, je n’ai jamais lu dans l’histoire des partis politiques dans le monde qu’un gouvernement a procédé à l’évaluation des formations politiques et pour quel but’’, déclare Abdoulaye Bah.

‘’En tant que politologue, je sais que toutes les associations humaines obéissent à une règle universelle. C’est la compétition et cette compétition est le principe qui départage les belligérants dans tout champ de combat. Que cela soit au niveau économique, social, culturel ou entre producteurs agricoles. Cela est valable aussi pour le champ politique appelé échiquier politique en science politique. En Guinée, l’État doit organiser les élections, c’est son devoir, les partis politiques ont le droit d’y participer et les électeurs ont droit de départager les candidats. C’est ainsi que nous aurons des partis avec un score par exemple de 0% et qui pourraient être éliminés si la loi le prévoit. A terme, nous aurons deux grands partis qui vont surgir de cette compétition. C’est ce que la science politique prévoit pour les partis politiques. L’État doit tout simplement assurer l’arbitrage’’, ajoute ce proche de Cellou Dalein Diallo.

Il prévient que profiter de l’évaluation des partis pour éliminer des acteurs sur l’échiquier politiques ‘’Ce serait dramatique et malheureux. Parce que l’État fonctionne sur la base de la loi. S’il ignore tout ça, il sera taxé d’arbitraire. Les guinéens et le monde entier seront témoins que cette éventualité’’.

Abdoulaye Bah met au défi le ministre de l’administration du territoire de prouver que des partis politiques sont devenus des ‘’instruments de propagande et de repli identitaire ethnique’’.

‘’Le ministre n’a pas apporté des éléments de preuves. Il a fait des affirmations sans se fonder sur les éléments concrets pour édifier la nation. Pourtant, venant d’une autorité, de tes propos devraient être fondés sur des éléments incontestables pour la compréhension de la collectivité nationale‘’, commente l’ex-chef de l’exécutif communal de Kindia.

Il finit par mettre en garde la junte contre toute tentative visant à écarter un parti de l’échiquier politique. ‘’Il serait malheureux d’arriver à ce qui s’est passé au Mali, c’est-à-dire aller jusqu’à suspendre les partis politiques et les activités de la société civile. Parce que ces mouvements sont antérieurs à la junte militaire. Les partis politiques ne demandent bien que de compétir sur le champ de bataille politique, que l’Etat devienne un arbitre neutre et que les électeurs départagent les candidats’’, préconise-t-il.

Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

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