Détenu sans procès durant des mois, Oury Barry meurt en prison : ‘’C’est l’unique fils que j’avais’’, pleure sa mère


[dropcap]A[/dropcap]rrêté en aout dernier par des agents des forces de l’ordre, Mamadou Oury Barry, 21 ans, a perdu la vie samedi en prison alors qu’il était en attente de son procès. Ce chauffeur de profession vient allonger la liste des détenus politiques morts en détention.

Rencontrée lundi par VisionGuinee, Kadiatou Tounkara a raconté les circonstances dans lesquelles son fils a été arrêté et déféré à la Maison centrale de Conakry. Lisez.

« Mon fils était chauffeur de profession, il n’a pas l’habitude de prendre part aux manifestations de rue.  Je n’étais pas à Conakry quand il a été mis en état d’arrestation. A mon retour, on m’a annoncé qu’il a été arrêté par des agents déployés au niveau des PA et transféré au commissariat central de Petit Simbaya.

Mon frère s’est rendu sur les lieux pour comprendre les motifs de son arrestation. Ils lui ont fait savoir que mon fils fait partie des manifestants qui barricadent la route. Il a mené des démarches durant deux jours dans l’espoir que Oury sera relaxé, en vain. Ils l’ont déféré à la Maison centrale de Conakry en disant à mon frère que son neveu fait partie de ceux qui font usage de jets de pierres à l’occasion des manifestations de rue.

Depuis son incarcération, tous les jours, je me rends à la Maison centrale. Parfois, les gardes pénitentiaires me disent que les visites ne sont pas autorisées. Il me faut payer 30.000 GNF pour qu’ils me laissent passer.

Jeudi dernier, Oury m’a informé qu’il a des douleurs abdominales. J’ai acheté des médicaments. Malheureusement, une fois en prison, on m’a dit que je ne peux pas entrer avec ces produits pharmaceutiques et qu’ils vont transférer mon fils à l’infirmerie pour des soins. Je suis revenue à la maison.

Le vendredi, je suis repartie, mais ils ont refusé que j’accède à la Maison centrale pour rendre visite à mon fils. Dans la journée du samedi, vers 13h, ils m’ont appelée pour m’annoncer son décès en prison. C’est l’unique fils que j’avais. Aujourd’hui, il n’est plus de ce monde. Qu’on nous restitue son corps afin qu’on puisse l’enterrer dignement.

Je demande aux autorités de libérer ceux qui sont dans la même situation que mon fils avant que quelque chose ne leur arrive en prison ».

Par Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

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