Liberté de la presse menacée : 381 médias suspendus au Sénégal


Dakar, 3 mai 2025 par Moussa Sow Thiam

En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, le Sénégal se retrouve au cœur d’une vive controverse. Le ministère de la Communication a récemment suspendu 381 médias n’ayant pas respecté les obligations administratives prévues par le Code de la presse. Une décision qui suscite l’indignation des professionnels du secteur, lesquels dénoncent une atteinte grave à la liberté de la presse.

Des suspensions massives en pleine célébration de la liberté

La nouvelle a frappé alors que journalistes et défenseurs de la liberté d’expression commémoraient cette journée symbolique. Selon les autorités, ces médias – dont des sites d’information, des radios communautaires et quelques journaux – ont échoué à fournir les documents requis pour leur régularisation. Le ministère affirme vouloir “assainir un paysage médiatique devenu anarchique”, en s’appuyant sur la loi adoptée en 2017 pour encadrer la profession.

Des journalistes inquiets et révoltés

Mais pour de nombreux professionnels, cette décision va bien au-delà d’un simple contrôle administratif. “Suspendre des centaines de médias d’un seul coup, sans accompagnement ni délais clairs, c’est museler la presse”, s’insurge une journaliste sous couvert d’anonymat. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) a appelé à un dialogue urgent entre les autorités et les acteurs du secteur.

Une régulation nécessaire, mais controversée

Le ministère, lui, se défend de toute volonté de censure. “Il ne s’agit pas d’attaquer la liberté de la presse, mais de faire respecter la loi”, a déclaré un porte-parole, précisant que les médias concernés auront la possibilité de se régulariser. Toutefois, les critiques pointent du doigt une méthode brutale et mal communiquée, dans un contexte de tensions politiques et sociales.

Un débat essentiel pour l’avenir du journalisme au Sénégal

Ce débat met en lumière les défis auxquels fait face la presse sénégalaise : manque de moyens, précarité des journalistes, et absence d’un cadre clair pour l’application du Code de la presse. Alors que le pays était jusque-là salué pour son pluralisme médiatique, cette crise soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre régulation et liberté d’informer.

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