Invité jeudi des Grandes gueules, l’ancien commissaire électoral Alhassane Makanera a assuré que le mal de la Guinée vient du fait tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’un seul homme.
‘’Le président de la République est le seul qui détient le pouvoir. Les institutions n’en disposent pas. Un seul homme détient tous les pouvoirs (…). Le principal problème de la Guinée, c’est le non-respect de la loi’’, analyse le juriste.
Il estime qu’en Guinée, quand un président vient au pouvoir, ‘’on en fait un homme providentiel. Les biens de l’Etat lui appartiennent, c’est lui l’Etat. Lansana Conté avait dit que c’est lui l’Etat. Alpha Condé ne l’a pas dit, mais il a agi dans ce sens’’.
Selon Alhassane Makanera, ‘’le président de la République dispose de moyens. Il affaiblit toutes les autres institutions. Il nomme à toutes les fonctions même le sous-préfet. Les ministres n’ont pas la capacité de nommer les membres de leurs départements. Le pouvoir le plus important du président, c’est son pouvoir financier. Il peut suspendre le crédit d’un ministère et de n’importe quelle institution. Si le président peut faire tout ça, les gens sont obligés de s’agenouiller. Les institutions fonctionnement ainsi’’.
D’après son constat, ‘’le guinéen a peur. Si tu le mets dans une bouteille, il prend la forme de la bouteille. Il est facile à gérer (…). Les gens obéissent à l’argent et c’est le pouvoir qui a l’argent. Tant que c’est ainsi, nous ne sommes pas un pays’’.
Dans la première constitution de la Guinée indépendante, analyse l’invite des GG, ‘’Sékou Touré n’avait pas tous les pouvoirs. Dans les faits, il s’est attribué tous les pouvoirs. Quand Conté est venu, il a renforcé cela. Dans la constitution de 2010, on n’a fait que renforcer le pouvoir s’exerçait Lansana Conté. Le président est toujours puissant, c’est ce qui crée des problèmes’’.
Pendant la transition, suggère-t-il, il faut pousser des réflexions sur ‘’comment nous voulons nous organiser et comment nous voulons que notre pays fonctionne. C’est ce qu’on appelle constitution. Le président de la transition a dit : ‘Nous voulons une constitution conforme aux réalités guinéennes’. On sait ce qu’on veut, mais il n’y a pas un consensus autour de ce qu’il qualifie de réalités guinéennes’’.
Dans la nouvelle constitution, il préconise la réduction des pouvoirs du président de la République. ‘’On ne peut avoir un président fort et des institutions fortes. Si on opte pour des institutions fortes, on doit affaiblir le président. Les américains n’ont jamais eu à un homme. C’est pourquoi, Trump n’a jamais pu faire tout ce qu’il voulait. Ils ont mis en place un contre-poids pour bloquer la puissance d’un homme. Nous, on prend un homme et on dit qu’après Dieu, c’est lui. Donc, ça ne marchera jamais’’, argumente Alhassane Makanera.
Il insiste sur le fait que ‘’si on veut mettre en place des institutions, fortes, il faut réduire considérablement le pouvoir du président. Tous les problèmes que nous avons, c’est parce que le président est fort. Il faut réduire ses pouvoirs. Si on veut que ça marche, le président doit être l’ordonnateur du budget de la présidence de la République, pas le budget de la République. Il faut des mécanismes pour qu’un seul homme ne puisse pas empêcher que tel ou tel autre n’accède à son crédit’’.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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