Maraîchage Féminin à Ndioum Walo : Des Femmes Pionnières au Service de l’Agriculture Durable à Podor


Récit INFOSDUJOUR

Dans le département de Podor, au nord du Sénégal, le maraîchage connaît un essor remarquable, porté en grande partie par l’engagement des femmes. À Ndioum Walo, un quartier de la commune de Ndioum, près de 300 femmes ont su s’unir et faire preuve d’une détermination sans faille pour devenir des pionnières dans le domaine. Arrosée par le fleuve Sénégal et ses affluents, cette région offre un fort potentiel agricole, que ces femmes ont su exploiter avec succès.

Un Modèle de Solidarité et d’Engagement

Le groupement féminin « Gesel rewbe » (le champ des femmes) a été créé il y a plus de 10 ans avec l’ambition de nourrir la population locale par le maraîchage. « Nous avons commencé modestement avec l’arachide, le niébé et le gombo. Chaque femme trouvait ses propres ressources pour assurer la campagne. Malgré les difficultés, nous avons toujours eu de bonnes récoltes, ce qui nous a permis de persévérer au fil des années », raconte Gamou Ndaw, présidente du groupement.

Depuis deux ans à la tête du projet, Gamou Ndaw connaît bien les défis qu’ont dû affronter ces femmes pour briser les stéréotypes liés à l’agriculture, traditionnellement dominée par les hommes. « Il a fallu beaucoup de sacrifices et d’énergie. Nous avons décidé de nous organiser sans attendre de financements extérieurs », souligne-t-elle.

Une Gestion Autonome grâce à des Cotisations

Pour mener à bien leurs activités, les membres du groupement ont choisi de se financer elles-mêmes. Chaque femme cotise 5 000 FCfa par an, ce qui permet de réunir un montant total de 1,34 million de FCfa. Cette somme est utilisée pour couvrir les frais liés à l’irrigation, tels que l’achat de carburant pour la motopompe, le paiement des agents de sécurité et des mécaniciens en cas de panne. « Nous avons formé sept secteurs, chacun dirigé par une coordonnatrice. Chaque secteur dispose d’une journée entière d’irrigation, ce qui facilite le travail collectif », explique Billal Hanne, coordonnatrice du secteur 2.

L’Appui d’ONG pour Accélérer le Développement

Grâce à un partenariat avec l’ONG 3D et l’organisation espagnole Manos Unidas, les femmes de Ndioum Walo ont bénéficié d’un financement qui a donné un nouvel élan à leurs activités. Elles ont ainsi pu clôturer leur périmètre avec un grillage, acquérir une motopompe plus puissante et obtenir des semences et engrais de qualité. Cette aide a permis de diversifier les cultures, avec l’introduction de nouvelles spéculations comme le piment, l’oignon, les courges, le concombre et le poivron. Ces cultures, jusque-là inconnues dans la zone, ont montré de bons rendements, incitant les bailleurs à renouveler leur soutien.

Khalifa Gaye, superviseur de l’ONG 3D, souligne : « Bien que ce projet ait démarré dans des conditions difficiles, avec la détermination des femmes et des rendements positifs, nous avons décidé de prolonger l’accompagnement pour la campagne 2025. »

Des Ambitions de Développement Durable

Le projet des femmes de Ndioum Walo, lancé en 2024, est prévu pour se poursuivre jusqu’en 2026. À l’heure actuelle, les femmes cultivent une variété d’aliments, mais elles demeurent confrontées à un défi de taille : l’accès à la terre. « Dans nos zones, l’agriculture a toujours été dominée par les hommes, mais le monde évolue. Nous devons avoir accès à la terre pour pouvoir nourrir la population », insiste Gamou Ndaw.

Grâce à leur persévérance, ces femmes ont obtenu l’octroi de 14 hectares de terres, à moins d’un kilomètre de la ville. Cependant, faute de moyens pour viabiliser cette grande surface, elles ont dû la céder sous forme de location à un particulier. Aujourd’hui, elles espèrent pouvoir récupérer ces terres pour les cultiver et ainsi élargir leurs activités maraîchères. « Nous sollicitons le soutien des autorités pour concrétiser ce rêve et nourrir l’ensemble de la population », ajoute Souadou Ndiaye, membre du groupement.

Le succès de ces femmes à Ndioum Walo illustre parfaitement le potentiel du maraîchage féminin dans le développement rural. À travers leur travail acharné et leur solidarité, elles ne se contentent pas de nourrir les populations locales, elles ouvrent également la voie à une nouvelle vision de l’agriculture, plus inclusive et durable.

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