Ruée vers les bureaux d’accueil à saint louis: des milliers de jeunes en quête d’un avenir en espagne


 

Saint-Louis, 28 janvier 2025 récit infosdujour

Une marée humaine déferle depuis plusieurs jours sur l’Agence régionale de Développement (ARD) de Saint-Louis. Des milliers de jeunes, venus des quatre coins de la région, bravent le froid et l’attente interminable pour déposer leurs dossiers dans le cadre du programme de migration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne. Malgré la note du Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’Extérieur, appelant à la patience et à l’organisation, la détermination des candidats reste inébranlable.

Une ambiance électrique à l’ARD

Dès les premières heures de la matinée, l’Agence régionale de Développement est méconnaissable. Là où régnaient habituellement calme et sérénité, une agitation inhabituelle s’est installée. Hommes et femmes, âgés de 18 à 50 ans, patientent dans une atmosphère tendue. Certains, comme Amadou Baila Sall, originaire de Dagana, ont même passé la nuit sur place pour être parmi les premiers à déposer leur dossier.

« J’ai passé la nuit ici puisque je n’ai pas pu déposer hier, je voulais être parmi les premiers aujourd’hui », confie-t-il, l’air fatigué mais résolu.

D’autres candidats, fiches de candidature en main, tentent de s’organiser tant bien que mal. « Rew mi nekhoul ! Le pays va mal ! », lance un jeune d’une trentaine d’années, illustrant le profond malaise économique qui pousse ces jeunes à chercher une opportunité à l’étranger.

À l’intérieur de l’agence, la situation est encore plus chaotique. Deux agents, submergés par l’afflux de dossiers, peinent à contenir la foule. Une troisième personne tente en vain de gérer les flux, répétant inlassablement : « Ceux qui ont déjà déposé peuvent partir ! ».

Des profils variés, une même aspiration

Parmi les postulants, les motivations diffèrent, mais l’objectif reste le même : un avenir meilleur. Alimatou, une jeune commerçante titulaire du baccalauréat, espère relancer son activité en Espagne. « Mon commerce ne marche pas bien, je veux tenter ma chance ailleurs », explique-t-elle.

D’autres, comme cet agriculteur de la vallée du fleuve Sénégal, veulent partir non pas pour fuir leur activité, mais pour la renforcer. « Mon exploitation marche bien, mais j’ai besoin d’investir plus. Ce voyage me permettrait d’acheter du matériel agricole », justifie-t-il.

Le parcours du combattant pour un casier judiciaire

Au tribunal de grande instance de Saint-Louis, un autre obstacle se dresse sur le chemin des candidats : l’obtention du casier judiciaire. Ce document, indispensable au dépôt du dossier, devient un véritable casse-tête.

Une foule compacte se presse autour d’un agent tenant une pile de documents verts, appelant à haute voix les noms des heureux bénéficiaires. Mais pour beaucoup, l’attente se prolonge. « J’ai déposé depuis vendredi et je n’ai toujours pas obtenu mon document », se plaint un jeune homme, visiblement à bout de patience.

Une migration encadrée mais sous tension

Ce programme de migration circulaire, destiné à offrir des opportunités d’emploi en Espagne tout en encadrant les départs, suscite un engouement massif. Toutefois, la désorganisation des dépôts et la frustration des candidats soulignent la nécessité d’une meilleure gestion du processus.

Si les portes de l’Espagne s’ouvrent pour certains, la route reste semée d’embûches. En attendant, à Saint-Louis, la file d’attente ne désemplit pas.

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