[dropcap]L[/dropcap]es avocats de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), souvent déboutés dans des affaires opposant le parti à l’Etat, ne perdent pas espoir. Alors que Cellou Dalein Diallo et des membres de son entourage sont sous le coup d’interdictions de quitter le territoire, leurs conseils n’écartent pas l’option de saisir des juridictions supranationales.
‘’Le siège et les bureaux du parti de l’UFDG ont été fermés sans aucune décision judiciaire. Le parti, à travers ses avocats, a saisi les juridictions compétentes en la matière. Malheureusement, on n’a pas obtenu gain de cause’’, rappelle Maitre Mohamed Traoré.
Aujourd’hui, regrette cet avocat de l’UFDG, ‘’les juridictions offrent peu de garanties en ce qui concerne le rétablissement des citoyens brimés dans leurs droits surtout lorsque les considérations ou des motivations politiques sont prises en compte dans le traitement des dossiers’’.
Dans ce cas, souligne-t-il, ‘’le choix qui nous reste à faire, c’est de saisir les juridictions supranationales. En Guinée, on se pose la question de savoir à quoi sert la saisine des juridictions internes lorsqu’on sait qu’à l’issue de la procédure, on ne pourrait pas obtenir gain de cause ?’’
Pourtant, développe Me Traoré, ‘’ce n’est pas parce qu’on a tort sur le plan de droit. C’est tout simplement parce que les juges n’ont pas fait preuve d’indépendance, de courage. Ils n’ont pas respecté la règle selon laquelle ils n’obéissent qu’à leur conscience et doivent rendre les décisions selon leur intime conviction’’.
Avant de souligner : ‘’On entend souvent les gens dire que l’UFDG a encore mordu la poussière devant les tribunaux. Mais ceux qui lancent ce genre de moqueries oublient qu’en réalité, dans les dossiers à connotations politiques, ce n’est pas souvent le droit qui est la considération primordiale des juges. C’est la volonté d’obéir à des injonctions, de satisfaire aux désidératas de certaines personnes’’.
A la question de savoir s’il n’y a pas des sanctions prévues contre les juges qui cèdent aux injonctions, il répond que ce rôle est dévolu au Conseil supérieur de la magistrature. ‘’Lorsqu’un magistrat prend une décision ou pose un acte qui peut s’analyser comme étant caractéristique d’une insuffisance professionnelle, il peut être poursuivi (…). Toutefois, c’est une corporation, on se couvre les uns des autres. Il n’est pas souvent facile d’obtenir gain de cause lorsqu’on entreprend ce genre de démarches’’.
L’avocat affirme que les magistrats doivent savoir que ‘’quels que soient les textes qui seront édictés pour les protéger, quand ils ne font preuve de courage, d’indépendance, de conviction, d’amour pour leur profession, ils ne seront pas des magistrats dignes de noms (…). Le droit leur donne les moyens d’assurer leur indépendance. Mais si avec tout ça, il y en a qui se font peur et pensent qu’il faut nécessaire se soumettre aux injonctions de l’autorité politique, on ne peut pas espérer avoir une justice qui protège les citoyens’’.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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