Transition en Guinée : Bah Oury n’est pas sûr que le retour à l’ordre constitutionnel aura lieu en 2025


Le Premier ministre Bah Oury a laissé entendre, dans un entretien accordé à RFI, que la priorité des autorités de la transition reste l’organisation du référendum constitutionnel d’ici le 31 décembre 2024. Mais avant, le chef du gouvernement estime qu’il faut à tout prix réaliser le Recensement administratif à vocation d’étal civil (RAVEC) duquel sera extrait le fichier électoral.

Bah Oury dit à qui veut l’entendre que ‘’le retour à l’ordre constitutionnel est conditionné principalement par l’établissement d’un fichier électoral fiable. Par le passé, la Guinée a connu beaucoup de turbulences du fait de la non fiabilité du fichier électoral. D’où la nécessité de tenir compte de ce passif et faire les choses correctement avec un fichier électoral qui sera incontestable’’.

Il affirme que ‘’c’est la raison pour laquelle nous avons adossé l’établissement du fichier électoral sur la base du fichier d’état civil. C’est cela l’aspect le plus lourd. D’ores et déjà, nous avons mis en place une dynamique pour qu’on puisse tenir l’engagement présidentiel de pouvoir organiser la consultation référendaire à la fin de l’année’’.

Le RAVEC, un prétexte de la junte pour reporter les élections aux calendes grecques ? A cette interrogation, le locataire du palais de la colombe répond que ‘’si nous précipitons à faire du n’importe quoi, il va de soi que cela impactera négativement la qualité de la transition politique. Ceux qui disent qu’il faut réactualiser le fichier électoral existant, ils oublient que ce fichier de 2020 a été contesté et est contestable. A ce stade, nous ne pouvons nous permettre de reprendre un recensement qui n’a pas été fiable pour dire qu’on va faire un bon travail avec quelque chose qui devait être mise à la poubelle’’.

L’établissement du fichier d’état civil prendra combien de temps ? ‘’C’est un long processus, mais nous n’allons pas dire qu’on va finir le fichier d’état civil pour dire qu’on va maintenant prendre en charge la confection du fichier électoral. Puisque le président a indiqué qu’il faut nécessairement le référendum à la fin de l’année, il va de soi que nous aurons une masse suffisamment représentative du corps électoral et à partir de là, le fichier électoral sera établi pour permettre de tenir cet engagement présidentiel’’, argumente-t-il.

Le référendum en 2024 et des élections générales en 2024 ? ‘’A partir du moment où nous aurons le référendum constitutionnel, tout le reste dépendra des critères règlementaires, des dispositions budgétaires pour organiser les élections comme ça doit, c’est-à-dire les communales, les législatives et la présidentielle pour un retour à l’ordre constitutionnel en ayant des fichiers conséquents dénués de toute orientation politicienne’’, assure Bah Oury.

Ce qui amène le journaliste Christophe Boisbouvier à lui demander quand est-ce que le retour à l’ordre constitutionnel aura lieu. ‘’Pour ne pas donner une date de manière précise, ce que je peux dire, c’est qu’à partir du moment où nous aurons le référendum constitutionnel, tout le reste pourra se faire de manière concertée, parce que les conditionnalités les plus difficiles seront derrière nous. Pour le reste, il y aura des concertations, l’examen du code électoral, de la constitution, cela permettra de dire telle élection doit se tenir à tel moment, telle autre élection deux ou trois mois après. C’est ce qui permettra d’avoir un agenda qui va impliquer tout le monde’’, nuance le chef du gouvernement

A la question de savoir s’il confirme ses propos sur le retour à l’ordre constitutionnel en 2025 ou s’il envisage ce retour en 2026, le Premier ministre soutient : ‘’Bon, je ne peux pas (…). L’essentiel, dès que le référendum constitutionnel sera fait, tout le reste du programme pourra être envisagé de manière certaine’’.

‘’Donc, vous n’êtes pas sûr que le retour à l’ordre constitutionnel aura lieu l’année prochaine ?’’, lui redemande le journaliste de RFI. ‘’Bon, comme je suis dans une démarche pragmatique, dès qu’on aura la constitution, le référendum, le reste est une question de timing, l’examen du code électoral, du temps requis pour organiser une élection et une autre, mais aussi de l’aspect budget. Parce que ce sont des élections qu’il faut financer. Le plus dur, c’est le fichier électoral, le référendum. Pour le reste, ce sont des dynamiques qui ne vont pas être aussi compliquées que ça’’, raisonne M. Bah.

Le journaliste relance encore : ‘’Mais pourquoi êtes-vous certain que le référendum aura lieu cette année et pas certain que les élections auront lieu l’année prochaine ? Pourquoi avez-vous un doute sur ces élections en 2025 ?’’ ‘’Non, je n’ai pas de doute, mais le plus important pour moi, c’est l’organisation du référendum constitutionnel. A partir du moment où ce référendum sera organisé, je serai certain que tous les autres éléments vont se décliner sans qu’il n’y ait des hauts et des bas’’, répond le Premier ministre.

A la question de Christophe Boisbouvier de savoir si chef du gouvernement est sûr et certain que le référendum constitutionnel aura lieu avant le 31 décembre 2024, ce dernier relativise : ‘’C’est un objectif que le président nous a fixé. C’est un objectif que le Premier ministre est en train de mener et de veiller à ce que cela soit même s’il faut travailler 25h/24 pour que l’agenda fixé par le président soit respecté’’.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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