[dropcap]D[/dropcap]amantang Albert Camara, le ministre de la Sécurité et la Protection civile, contestant le contenu de rapports publiés par Amnesty International et Human Rights Watch, a assuré que ces organisations non gouvernementales sont ‘’systématiquement animées par des personnes qui travaillent dans des partis politiques, qui sont encartées politiquement’’.
Le chercheur en géopolitique et directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques de Guinée, Aliou Barry, cité parmi les défenseurs des droits de l’homme affiliés à des partis d’opposition, a réagi en début de semaine aux propos du ministre Damantang Camara.
Il affirme qu’au lieu de monter au créneau pour contester des rapports sur les droits de l’homme, le patron du département de la Sécurité devrait s’occuper à des questions essentielles dont la ‘’formation des policiers afin qu’ils ne rentrent plus dans les quartiers pour tabasser des gens’’. VisionGuinee vous livre un extrait de son intervention dans l’émission Mirador.
« J’avais beaucoup d’estime et d’amitié pour Monsieur Damantang [Camara]. Mais je trouve qu’il est grand de taille, mais petit d’esprit. Ça fait un an que je ne suis pas en Guinée. Au-delà de cela, j’ai l’impression qu’il ne connait pas le fonctionnement des ONG internationales. Je pense qu’il est temps qu’il revienne à la fac pour qu’on lui dispense des cours en relations internationales, notamment sur la place et le rôle des acteurs non étatiques. Sous la houlette de M. Souaré, j’ai créé l’Observatoire guinéen des droits de l’homme. A l’époque, j’étais le plus critique vis-à-vis du gouvernement guinéen.
Quand Monsieur Damatang prend un rapport, notamment celui du département d’Etat qui est encore plus sévère que le rapport d’Amnesty International, le rôle du gouvernement, c’est de dire ‘on a eu un rapport, qu’il soit fabriqué par X ou Y, est-ce qu’il est réel ?’ Est-ce que c’est moi qui ai fait un rapport quand une femme a été utilisée comme bouclier humain ici ? Il oublie que tout le monde est aujourd’hui doté d’un téléphone portable. Quand il y a une manifestation, les jeunes filment.
Il ne sait pas comment Amnesty fonctionne. Quand il y a un évènement, Amnesty envoie quelqu’un sur le terrain. Moi je ne sais même où sont les bureaux d’Amnesty (…). Corinne Dufka de Human Rights Watch, quel est le guinéen qui ne la connait. Elle vient ici, prend son bâton de pèlerin, mène les enquêtes, rencontre les policiers, les gendarmes. Imaginez-vous que je peux faire un rapport pour donner à Amnesty ? C’est vraiment méconnaitre Amnesty qui ses chercheurs et des moyens que moi je n’ai pas.
Il est ministre de la Sécurité, il aurait pris le soin d’appeler les responsables de l’UFDG avant de parler. J’ai adhéré un mois à l’UFDG et j’ai démissionné pour des raisons personnelles et professionnelles. Parce que j’avais déjà l’idée de mettre en place le Centre d’analyse et d’études stratégiques avec d’autres chercheurs. Je ne voulais pas qu’on m’accuse.
Damantang est petit d’esprit et je vais vous dire pourquoi. Est-ce qu’un militant du RPG ne peut pas être objectif ? Est-ce qu’un militant du RPG doit absolument soutenir le pouvoir même s’il est dans l’erreur ? Est-ce qu’il pense que c’est un militantisme aveugle c’est comme au RPG ? »