Un ex-ministre interpelle la France et le Mali : “Nous n’avons pas besoin de nous donner des coups de poing”


L‘ancien ministre malien de la Justice regrette l’attitude des autorités de son pays et de l’Hexagone. La junte militaire a ordonné lundi à l’ambassadeur de France à Bamako de quitter le Mali.Mamadou Ismaila Konaté invite les dirigeants français et maliens à privilégier le dialogue pour sortir de cette impasse. 

« Pour deux Etats qui ont des relations depuis si longtemps et qui ont fait autant de choses ensemble, on peut regretter la décision », estime l’ancien garde des Sceaux dans les Grandes gueules.

Dans un premier temps, analyse-t-il, « il faut le dire que l’attitude des autorités françaises due sans doute à une mauvaise analyse des choses, quand on continue de dire à des autorités, qu’elles sont illégitimes, ça peut se comprendre du point de vue à la démocratie à la française, dès lors que ces autorités ne sont pas issues d’élections. Mais du côté de Bamako, l’illégitimité,  c’est triste de le dire, c’est véritablement un enfant issu d’une relation de non-normalité ».

Mamadou Ismaila Konaté déplore les propos tenus par les autorités françaises. « Quand on a des mots aussi durs vis-à-vis de l’autorité malienne, on n’oublie simplement que derrière les autorités maliennes, il y a un certain soutien qui se manifeste. La relation diplomatique n’exige pas quand on utilise des mots comme ceux qui ont été malheureusement utilisés ».

A l’en croire, « j’avais l’impression que les autorités maliennes avaient bien encaissé ce coup et avaient suffisamment bien riposté en rappelant que nos valeurs culturelles et ancestrales nous imposaient le respect et que nous ne répondons pas à l’injure par l’injure et à l’invective par l’invective.

« Là où on est arrivés, c’est la première fois dans notre histoire politique qu’un ambassadeur représentant d’un pays étranger chez nous a été expulsé dans les conditions actuelles. C’est déplorable même si cela peut être à la limite une justification de l’attitude des autorités françaises ».

Il rappelle, qu’il « y a 700 mille maliens qui vivent en France et la moitié est presque de double nationalité. Quand vous regardez la situation des maliens présents en France depuis 1970, quand on leur demande de faire le choix entre ces deux pays, le choix est très difficile à faire ».

L’ancien ministre de la Justice lance un appel au calme et à la sérénité. « La France a donné un coup qui n’a pas été supporté par le Mali et le Mali a riposté par un autre coup. Je me réjouis d’ailleurs que l’attitude française a consisté simplement à prendre acte de la décision de la République du Mali ».

« La diplomatie qui est la meilleure arme dans ce cadre-là, doit reprendre le dessus pour que les invectives s’arrêtent. Parce que nous sommes deux Etats et deux nations qui n’ont pas besoin de se donner des coups de poing dans la gueule », martèle-t-il.

Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info

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