Kafountine, 24 mars 2025 récit infosdujour
La commune de Kafountine traverse une période dramatique avec une série de noyades qui ont endeuillé la communauté en moins d’une semaine. Hier encore, vers 21 heures, un manutentionnaire a perdu la vie dans un nouvel incident tragique. Son corps, toujours introuvable, s’ajoute à une liste déjà lourde : trois corps ont été repêchés, tandis que trois autres victimes restent portées disparues.
Ces drames, principalement causés par des chavirements de pirogues, mettent en lumière le non-respect des normes de sécurité en mer. Abdoulaye Demba, coordonnateur du Comité Local des Pêcheurs Artisanaux (CLPA) de Kafountine, tire la sonnette d’alarme et dénonce un comportement irresponsable de la part des pêcheurs. Il pointe notamment le refus systématique de porter les gilets de sauvetage, pourtant essentiels à leur sécurité.
Un conflit de responsabilités qui coûte des vies
Selon Abdoulaye Demba, bien que le ministère des Pêches ait distribué à plusieurs reprises ces équipements de sécurité, ils sont rarement utilisés. En cause, un conflit de responsabilité entre pêcheurs et propriétaires de pirogues. « Les pêcheurs estiment que c’est aux armateurs de fournir les gilets, tandis que ces derniers craignent que les marins, souvent itinérants, ne les emportent ailleurs. Cette situation complique l’application des règles de sécurité », explique-t-il.
Pour renforcer la prévention, le CLPA a mis en place un système d’alerte basé sur des drapeaux de signalisation : rouge pour une interdiction totale de sortie en mer, jaune pour une vigilance accrue et vert pour une navigation autorisée. Malheureusement, ces consignes sont fréquemment ignorées, aggravant les risques d’accidents.
Un appel à des mesures strictes et à l’installation d’une base navale
Face à cette recrudescence des noyades, Abdoulaye Demba plaide pour l’implantation d’une base navale à Kafountine, à l’image de celle d’Elinkine. « À Elinkine, chaque capitaine est tenu d’enregistrer son équipage avant le départ et au retour. Si un marin manque ou ne porte pas de gilet, des sanctions financières allant de 50 000 à 150 000 francs CFA sont appliquées. Un tel dispositif doit être instauré à Kafountine pour éviter d’autres drames », insiste-t-il.
Le problème est d’autant plus complexe que la majorité des pirogues impliquées appartiennent à des pêcheurs saisonniers venus d’autres régions, compliquant ainsi les efforts de sensibilisation et d’application des règles. « À Joal et Mbour, les règles sont strictes parce que les pirogues sont locales. Ici, c’est l’inverse, et cela rend la réglementation plus difficile », regrette le coordonnateur du CLPA.
Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver les disparus, la communauté locale, encore sous le choc, appelle à des mesures urgentes pour renforcer la sécurité maritime et éviter de nouveaux drames.